Nous allons vous raconter une histoire, plutôt une épopée, celle de la rencontre de deux êtres qui avaient disparus de nos contrées. Sous la protection du clocher de notre belle cathédrale de Warneton, deux faucons pèlerins se sont rencontrés en 2021.
Un nid y était installé depuis de longues années mais jamais visité. Ces deux oiseaux ont fraternisé et ils se sont aimés.
Mais oui, c’est un conte que l’on vous raconte.
Cette première année a été comme de longues fiançailles. Mademoiselle se montrait pressante, mais le jeune homme était bien trop jeune pour fonder une famille.
Il n’empêche que le couple s’était formé et nous étions déjà admiratifs. Nous les avons suivis régulièrement avec espoir.
Dès la deuxième année une évolution est apparue, plus de vigueur et de volonté. Un mercredi matin, un accouplement se faisait devant nos yeux. Nous étions surexcités. J’explique toujours que Jean-Marie et moi étions comme deux gosses à qui on a offert une grosse sucette. Malheureusement pas de bébé pour cette fois. Qu’importe, ce couple est là, bien fixé chez nous. Nous devions prendre notre mal en patience.
Finalement c’est cette année que le graal nous est arrivé. Grâce à une caméra installée dans le nid nous avons pu apercevoir la femelle commencer à préparer un espace dans le nichoir.
Les faucons ne construisent pas de nid. En zone naturelle ils profitent d’un éperon rocheux d’une falaise, s’il est suffisamment plat elle le préparera en se frottant sur le sol pour y former une petite cuvette. C’est ce qu’elle a commencé à faire sur les cailloux du nid, patiemment elle a déterminé le bon endroit, le mâle venait régulièrement la voir travailler mais sans y mettre la moindre patte.
, Nous attendions une ponte avec impatience et un jour l’avons vue énervée ? Se trémoussant juste avant l’arrivée du premier œuf. Combien d’œufs ? Deux, trois, quatre ? Peu importe, pour nous le processus est en route. Deux autres œufs sont arrivés les jours suivants. Ensuite encore un peu de patience pour savoir s'il y aura éclosion. De longues journées d’attente pour voir le premier bébé sortir de sa coquille, tout mouillé, vite mis au chaud par maman. Incroyable les deux autres sont arrivés à quatre heures d’intervalles. Les jeunes ayant une petite réserve d’énergie à la naissance le nourrissage ne débute qu’après quelques jours.
Papa chasse et, de temps en temps, il se met sur le nid pour que maman puisse sortir.
Entre-temps, grâce leurs bagues on a pu déterminer leur origine, maman née à Ypres et papa à Mouscron. Quoi de plus cocasse chez nous dans une commune à facilités.
Les bébés grossissent. Le temps est venu pour le baguage qui doit se faire rapidement sans stresser la nichée. Les jeunes sont pesés, bagués. Ils sont remis au nid, un jeune mâle et deux femelles. Leur duvet blanc se mue en un plumage bigarré avec des restes de duvet qui s’ébouriffent un peu partout ? Les parents doivent chasser de plus en plus pour les nourrir et pour eux-mêmes car ils dépensent plus d’énergie.
Ces derniers jours sont stressants car les petits prennent connaissance de leurs ailes et s’exercent sur la plate-forme. Première frayeur pour nous, un jeune fait une chute.
Rapidement nous prenons la route pour tenter de le retrouver.
Les moyens sont mis en œuvre, jumelles, drones.
L’oisillon est repéré sur l’un des petits toits de l’église. Un élévateur arrive et, avec Fabrice le bagueur d'oiseaux, l’oisillon est récupéré en bonne santé. Le centre de soins conseille de le remettre au nid pour qu’il garde le lien familial. Allez en route pour escalader toutes les marches de cet étroit escalier qui nous mène en haut du clocher. Lorsque le meilleur moment de le remettre au nid sans risquer de faire tomber les autres, c’est Fabrice, qui est expérimenté qui le dépose, tout doit aller vite, ok c’est bon !!!!! Il est 14 heures, je vous l’assure car la grosse cloche nous le rappelle dans le creux de l’oreille ! Encore une vérification sur la webcam et on entame la descente, les mollets commencent à brûler mais un grand soulagement se voit sur nos visages. Merci à tous les intervenants qui ont été formidables et aux autorités de la ville qui ont eu à cœur de mettre à disposition les moyens pour cette opération. En fin d’après, nouvelle frayeur, le même jeune a une nouvelle fois chuté. Nous voilà repartis. Heureusement, il a atterri au sol et a pu être récupéré sain et sauf. Allez, nous voilà repartis dans les escaliers de la tour pour ramener le « cascadeur » à la maison, la bonne blague !!
Mais quelle belle aventure, qui a permis à plusieurs personnes et services de se montrer unis et solidaires.
Une belle histoire, nous continuerons à accompagner la petite famille du clocher
Texte de Dominique MARTIN
Photos Jean-Marie VANDELANNOITTE