Lys Nature en Baie de Somme
Vendredi
L’ensoleillement prometteur de début d’après-midi avive les ardeurs naturalistes et dès 15 h 30, après l’installation au gîte, le cap est mis sur la partie nord de la Baie au parking de La Maye.
En découvrant l’estran végétal composé de plantes halophiles, nous apercevons les pointes opposées du Hourdel et de St Quentin en Tourmont qui délimitent les ouvertures de la Baie.
Le schorre et la slikke sont abordés dans leurs diversités et particularités. De jolis passereaux nous accompagnent : linottes, bergeronnettes flavéoles, traquets motteux avec, en toile de fond musical, les notes du chevalier aboyeur. Nous nous dirigeons vers l’écluse de La Maye avec une rencontre insolite : le lézard vivipare au ventre jaune. Tadornes, aigrettes garzettes, spatules, avocettes, chevaliers gambettes sont de la partie et font pointer les jumelles. L’observatoire de la partie arrière du Marquenterre est visité et un fier huîtrier-pie, perché sur un piquet, semble jouer les équilibristes de charme. Au loin de gros nuages blancs moutonneux décorent le ciel avec la complicité d’un magnifique arc-en-ciel. Un vol d’échasses blanches magnifie ces instants magiques. Un vol de cygnes nous transporte tel un ballet vers une mélodie bien connue.
Retour au gîte, premier repas commun avec une formule espagnole riche en plats divers aux saveurs délicieuses concoctés par l’ensemble des participant(e)s. La soirée est consacrée à une sortie nocturne au cours de laquelle nous assistons au concerto en rai… nettes arboricoles. Quelques chants de grenouilles vertes se glissent dans la mélodie supervisée par le maître de cérémonie des lieux : le rossignol philomèle. Une timide chouette hulotte ne fut pas entendue par les visiteurs de la nuit. En contrepartie, un plaisir naturel et authentique nous enchante avec un magnifique clair de lune qui traverse les frondaisons des ormes. Retour tardif au gîte pour une nuit bien méritée.
Samedi
La matinée est consacrée à la découverte de l’extrémité sud du cordon dunaire et aux observations des plans d’eau de La Bassée. En accédant par le petit sentier qui mène à l’étang de pêche, nous sommes accueillis par le pouillot fitis qui pose et ritournelle inlassablement sa mélodie sous le crépitement des appareils photos. Une tourterelle des bois « lance » ses rou..rou.. créant une ambiance mystérieuse alors, qu’au-dessus de l’étang, une sterne pierregarin patrouille et plonge pour se ravitailler. Ensuite quelques pas sur la plage pour explications sur le poulier et le musoir. Un chevreuil furtif est aperçu et se réfugie dans les maquis broussailleux. Sur le sol, nous découvrons l’or bleu de la côte (silex) qui est exploité sur les gravières situées entre Cayeux et Le Hourdel. Pour la circonstance ces pierres sont présentes à cet endroit pour renforcer la dune abîmée par les assauts des marées (le musoir).
Au loin, nous distinguons Saint-Valery qui fut colonisée par les Grecs qui la nommèrent alors Leuconos (vaisseau ou port blanc). Le soleil inonde la Baie et les luminosités rivalisent d’excellence tels les couleurs d’un nuancier. Puis direction les plans d’eau de La Bassée qui furent donnés un temps à la population du Crotoy pour la « ressource alimentaire ». A l’heure actuelle, ces sites sont gérés par la section locale des chasseurs.
Les étendues d’eau jouent au miroir et, outre les nuages qui s’y reflètent, nous réalisons quelques observations d’intérêt : grande aigrette houspillée par des mouettes dont le nid est proche, canards souchets, chevaliers combattants, tadornes, échasses blanches, sarcelles d’hiver et ibis falcinelle, le tout accompagné de cris incessants d’oiseaux marins.
Nous repartons au gîte pour un déjeuner rapide de manière à être présent(e)s sur la plage de La Maye à l’arrivée de la grande marée qui recouvre l’ensemble des mollières. Spectacle de choix avec nombreux limicoles qui viennent s’y nourrir. Une bernache cravant « hrota » est aperçue en solo ainsi que de nombreux courlis.
Pour être toujours dans le rythme, nous avons rendez-vous au Crotoy (dune pointue nommée Creta par les Romains) avec Arnaud, notre guide passionnant, pour une splendide traversée de la Baie. Nul doute que ces moments précieux laisseront un souvenir impérissable dans les esprits. Tel un chef d’orchestre, Arnaud nous a dirigés vers la symphonie de la découverte. Le retour au gîte autour d’un repas convivial fait monter l’ambiance. Chacun peut ensuite tomber dans les bras de Morphée avec des images apaisantes qui défilent dans la mémoire.
Dimanche
La météo maussade de la matinée nous incite à adopter un plan B. Une boucle à pied sur le GR du littoral, avec retour au parking de La Maye, est proposée. Nous prenons comme support les végétaux et oiseaux du secteur. D’entrée le « bal » des fauvettes est nourri abondamment avec sur la piste : la grisette, le jardin, la babillarde, les hypolaïs ictérine et polyglotte. La pendule du coucou fonctionne à plein alors que les linottes confirment la partie mélodieuse de leur nom. Il y a même un phellin (champignon) qui se cache dans les massifs d’argousiers. ! Quant au rossignol toujours égal à lui-même !
Côté végétal : buglosse, vipérine, asperge, salsifis ; érodium, céraiste, nerprun cathartique, frêne… Et, surprise agréable, la présence d’une station d’aristoloches clématites dont nous évoquons le mode de reproduction étonnant rappelant celui de l’arum tacheté. Plus loin sur un arbre haut perché, deux splendides tourterelles des bois se bécotent comme les amoureux des bancs publics.
L’après-midi nous visitons le Bois de Cise, valleuse magnifique aux jolies maisons normandes et aux falaises imposantes. La formation et la constitution (craie et silex) de ces « cathédrales blanches » sont commentées. La présence des silex conforte l’existence d’un cordon de galets sur la côte d’Albâtre jusqu’au poulier du Hourdel.
Comme la marée haute nous empêche d’accéder à l’estran rocheux, nous empruntons l’allée montante du « muguet » parsemée de fleurs aux nuances chatoyantes. Les bleus, roses, rouges et blancs décorent les jardins pour le plus grand régal des yeux. Nous prenons le temps d’écouter les chants liquides des chardonnerets. Plus loin nous découvrons le mode original de reproduction de l’arum tacheté. Un doux parfum d’ail des ours flotte dans l’air.
Arrivé(e)s au sommet, la brume nous attend ainsi que deux cigognes perchées sur un toit. Puis un bruant proyer joue à cache-cache avec le groupe.
Une explication est donnée sur l’acteur principal de l’après-midi : le fulmar boréal. La petite route sinueuse en descente nous conduit doucement vers l’oiseau pélagique cité plus haut qui sera la cerise sur le gâteau. Nous prenons place sur les galets en scrutant ciel et falaises. Le spectacle des fulmars est éblouissant : vols planés et d’approche, pose sur le nid. Ce balai aérien séduit l’ensemble du groupe qui profite des deux longues vues gentiment partagées (Annie et Jean-Claude) permettant d’apprécier des gros plans sur ces oiseaux magnifiques.
A nos pieds, anémones et coquillages divers habillent le calcaire présent de mille points aux motifs originaux, en quelque sorte une écriture marine. Après cette immersion complète dans ce « paradis blanc » nous retournons au gîte pour partager des moments agréables de convivialité : repas, « mise à l’honneur », discussions diverses sur le mode « relax » au salon. Le sommeil nous attend !
Lundi matin
Nous entamons notre « dernière séance » avec motivation. Après avoir quitté le gîte (théâtre de nos exploits) nous rejoignons la renclôture de Noyelles. Le charmant fleuve côtier appelé Dien (source à Nouvion) écoule ses eaux limpides vers le canal de La Maye ainsi qu’en direction de la baie, sécurisée par une énorme porte-écluse. Des roselières entrecoupées de layons d’eau et de prairies humides offrent un habitat propice aux oiseaux petits et grands. Nous identifions : tariers des prés et pâtre, rousseroles effarvattes, phragmites des joncs, locustelles luscinoïdes, gorge-bleues, linottes mélodieuses, bruants des roseaux, échasses blanches, cigognes, aigrettes… Quant au petit train de la Baie ; il sifflera plus que trois fois…
Au retour de la balade, nous rencontrons un jeune ornithologue qui nous indique la présence de panure à moustaches. Par chance, nous l’apercevons l’espace d’un instant suffisant pour une photo tirée par Claudine. Après cette fin heureuse en observations, nous quittons les lieux pour nous rendre sur un parking offrant la tranquillité nécessaire à notre pot de départ. Dans la bonne humeur, nous prenons une sympathique séance apéritive suivie d’un pique-nique. De nombreux échanges fusent laissant entrevoir une suite future à de nouvelles aventures.
Je remercie l’ensemble des participant(e)s pour l’état d’esprit positif affiché lors du séjour ainsi que l’implication réelle de tout à chacun.
Christian