Le busard des roseaux est un rapace peu commun et assez localisé dans nos pays. En France, on le retrouve préférentiellement dans les grandes régions d'étangs et de marais et il est logique que le Centre-Ouest, le Centre, le Nord-Est, la Camargue, les étangs languedociens et la région des Dombes accueillent l'essentiel des effectifs nicheurs. Le Nord, la Picardie et la Normandie ont récemment été colonisés.
En hiver par contre, le quart Nord-Est et le Nord sont désertés au profit du Centre-Ouest et du Midi de la France.
Aujourd'hui, nous avons la chance de l'observer régulièrement chez-nous à la réserve de Ploegsteert.
À l'origine, le busard des roseaux nichait exclusivement dans les zones marécageuses, marais et roselières d'étangs, qui sont aujourd'hui encore ses sites de prédilection. Est-ce à cause de la disparition des zones humides ou à cause de l'essor démographique qu'a connu l'espèce depuis sa protection légale, que le busard des roseaux occupe désormais des zones nettement moins humides comme les champs de céréales et de colza à l'instar des busards gris ?
Observer le busard des roseaux
Entendre le busard des roseaux :
Comme tous les busards, le busard des roseaux est relativement silencieux. Seul le mâle émet un petit sifflement lors de la parade nuptiale et de ses acrobaties haut dans le ciel, et lors de l'apport d'une proie à la femelle.
Le busard des roseaux et l'homme :
Le busard des roseaux, super-prédateur des zones humides, a longtemps été systématiquement détruit par les chasseurs qui voyaient en lui - et voient toujours - un impitoyable destructeur du gibier d'eau et surtout des couvées de canards qu'ils préfèrent massacrer eux-mêmes au moment de l'ouverture de la chasse. L'obtention de son statut d'espèce intégralement protégée a calmé les chasseurs respectueux de la loi, mais il est clair que le malheureux busard passant trop près d'une hutte de chasse ou d'un chasseur posté à la tombée de la nuit risquera souvent d'être victime d'une bavure cynégétique. Ce bafouement de la loi est encore aujourd'hui monnaie courante dans les départements côtiers de la Méditerranée, de l'Atlantique et de la Manche où se concentrent les chasseurs de gibier d'eau les plus extrémistes et malheureusement les busards des roseaux durant la mauvaise saison.
La protection a néanmoins été bénéfique à notre plus gros des busards puisque ses populations ont nettement augmentées jusqu'à la fin des années 1980 où une stagnation, voire une certaine régression des effectifs a été constatée. La cause en est vraisemblablement le drainage des zones humides où il niche qui transforment de vastes marais en champs de maïs inhospitaliers pour lui. Le développement de la pisciculture extensive dans des grandes régions d'étangs comme la Brenne et les Dombes, où les propriétaires n'ont pas hésité à détruire les grandes phragmitaies qui bordaient ces plans d'eau pour en accroître la superficie a également privé le busard des roseaux de nombreux sites de nidification, ce qui explique probablement son repli, à l'instar du busard cendré, vers les cultures.

Le mâle de busard des roseaux avec son plumage tricolore, noir aux extrémités des ailes, brun et gris sur les parties supérieures, est inconfondable. Il fait certainement partie, avec le milan royal, des rapaces les plus colorés d'Europe.
La femelle et le jeune sont brun chocolat uniforme, avec une calotte crème et le bord d'attaque des ailes de la même couleur chez la femelle uniquement. Cette dernière peut être confondue par un débutant avec un milan noir au plumage sombre et également avec un aigle botté de forme sombre mais les ailes larges, portées en V lorsque l'oiseau est vue de face, et sa longue queue, confère au busard des roseaux une silhouette radicalement différente de ces deux autres rapaces.


Comme tous les busards, le busard des roseaux est avant tout un rôdeur, arpentant sans relâche son territoire à ras du sol pour la recherche de ses proies favorites, rongeurs bien entendu mais aussi adultes et surtout poussins d'oiseaux d'eau comme les foulques ou les canards. C'est donc un oiseau facile à observer lorsqu'il chasse au-dessus d'une phragmitaie. Comme chez les autres busards, durant la période de nidification, vous pourrez alors assister au fabuleux spectacle de passage de proie entre le mâle et la femelle. Lorsque celui-ci a attrapé une proie et la tient fermement dans ses serres, il file d'un vol direct vers son aire et, arrivé à proximité, émet un sifflement pour prévenir la femelle occupée à couver ses oeufs ou ses jeunes. Celle-ci s'envole alors et va à sa rencontre et, après s'être positionnée en-dessous de lui, se retourne d'un seul coup, effectuant une pirouette dans les airs, au moment même où le mâle lâche sa proie que la femelle récupère d'un coup de patte précis. Ce spectacle se déroule toujours de la même façon et la synchronisation avec laquelle le couple opère, est à chaque fois un sujet d'émerveillement.
