VISITE DES MARAIS DE LA VALLÉE DE LA HAINE – DIMANCHE 29 JUIN 2014
Etaient présents : Jean-Marie Vandelannoitte, Daniel Voituron (co-guide), Laetitia Beulens, Sophie Fonck et leur amie Gilliane, Françoise Tiberghien, son petit-fils Pierre-Yves accompagné de son cousin Julien, Janine Eekeloot, Anne-Marie Wauquier, Jacques et Marie-Françoise Dubreuil et la famille Stolz (Eric, Nathalie et Elias) et moi-même.
Deux voitures quittent Comines à 7h45 et arrivent à la gare de Blaton à 8h30 où Daniel nous attend déjà. Un peu plus tard, trois autres voitures nous rejoignent et nous partons, impatients, pour la première visite de la journée : les Marionville.
Le site se trouve dans la vallée de la Haine qui coule dans une large plaine alluviale en pente très faible du nord vers le sud. Il s’étend principalement sur les alluvions de la Haine dont l’épaisseur varie de 2 à 8 mètres. Dans son ensemble, le bassin de la Haine est soumis à des affaissements de terrain dus d’une part aux pompages et à l’effondrement de galeries de mines de charbon, d’autre part à la subsidence généralisée du bassin de Mons. La réserve est constituée d’un grand étang d’une superficie d’environ 15 ha alimenté par deux ruisseaux, d’une série de six petits étangs isolés les uns des autres et de remblais. L’intérêt majeur de ce site est la richesse extraordinaire en oiseaux qui y nichent, y hivernent ou y passent. À ce jour, un total de 193 espèces y a été relevé.
Malgré les prévisions météo assez pessimistes, nous jouissons d’un temps sec et doux tout l’avant-midi.
Le site est très arboré et ce n’est donc pas étonnant d’entendre le « tchif tchaf » répété des Pouillots véloces et le chant à la finale montante et flûtée des Fauvettes à tête noire qui, malheureusement, restent dissimulées dans le feuillage. Une femelle (contrairement au mâle, sa calotte est rousse) se montre quand-même furtivement. S’il est assez difficile de voir le mâle, la femelle est encore plus discrète ! Un arbre mort attire un pic épeiche. La Bouscarle de Cetti révèle sa présence par son chant caractéristique. Cet oiseau est sédentaire : les hivers froids lui sont donc fatals … La végétation herbacée attire des papillons dont le Myrtil et la jolie Carte géographique
(qui doit son nom au dessin particulier du dessous des ailes). Il s’agit d’un imago de 2ème génération (ou génération estivale) au dessus noir avec bande discale jaune pâle. Les papillons de la première génération arborent des couleurs différentes et volent au printemps. Les sentiers au sol schisteux sont bordés de la jolie Vipérine commune qui aime les sols secs ainsi que de très nombreux plants de la Petite centaurée qui sont encore en boutons (roses). Après cette belle entrée en matière, nous reprenons les voitures pour nous rendre à Bernissart où Daniel a déniché un café, vieillot, mais plein de charme, qui nous accueille avec notre pique-nique. Les « Leffe » ont du succès !
L’après-midi est consacré à la visite des marais d’Harchies (où, soit dit en passant, Daniel guide le premier samedi de chaque mois et ce depuis une trentaine d’années !).
Nés d’effondrements miniers au cours de la première moitié du XXème siècle (comme la plupart des sites humides de la vallée de la Haine), les marais d’Harchies, de Hensies et de Pommeroeul ont rapidement attiré l’attention des naturalistes. Mais la véritable protection du site commence au début des années 70 lorsque le Ministère de l’Education Nationale rachète le marais d’Harchies et en cède la gestion à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB), qui décide d’y implanter un centre de recherches biologiques. En 1985, les RNOB (qui fusionneront avec Aves pour former Natagora) rachètent le marais d’Hensies. En 1986, une convention est signée entre l’IRSNB et les RNOB en vue d’une protection efficace de l’ensemble du site. Vu son importance biologique, celui-ci devient une zone noyau de la Zone de Protection Spéciale de la Vallée de la Haine et le premier espace wallon reconnu « zone Ramsar » (convention sur les zones humides d’importance internationale).
La superficie des marais d’Harchies, Pommeroeul et Hensies est de 525 ha. Les roselières y sont les plus vastes de Wallonie (près de 50 ha).La surface totale des 3 plans d’eau d’Harchies-Pommeroeul est d’environ 80 ha. Des contrats passés avec des agriculteurs voisins permettent une gestion récurrente, soit par fauchage, soit par pâturage extensif, de près de 60 ha de prairies.
De nombreuses espèces d’oiseaux y nichent dont des espèces assez rares comme le Râle d’eau, le Phragmite des joncs, probablement le Grand butor, etc …Le Blongios nain, le Bihoreau gris, le Héron gardebœufs y ont niché il y a quelques années. À ce jour, plus de 250 espèces d’oiseaux y ont été recensées dont une bonne centaine sont (ou ont été) nicheurs.
Une averse perturbe quelque peu nos premiers hectomètres dans la réserve. Nous nous réfugions dans un observatoire et balayons l’étang avec nos jumelles et télescopes. Sur la rive opposée, sont perchés Grandes aigrettes, Aigrettes garzettes et Hérons gardebœufs au plumage nuptial blanc et orangé : c’est une très belle observation.
À une vingtaine de mètres de l’observatoire, trois autres Aigrettes garzettes sont perchées sur des branches mortes, le cou rentré dans les épaules. Tout à coup, une Aigrette garzette arrive en vol et se pose: je lève les jumelles et … j’aperçois, à l’arrière-plan, un renard se trouvant sur la rive et regardant dans notre direction: j’en informe immédiatement les autres : il y a de l’effervescence dans l’air ! Elias parviendra à photographier cette belle et surprenante observation.
Un Grèbe huppé transporte des matériaux dans le bec pour couvrir ses œufs blancs pondus dans un nid flottant. Un autre Grèbe huppé nage fièrement portant ses poussins (à la tête blanche striée de lignes noires), sur le dos : c’est un charmant spectacle dont on ne se lasse jamais. Plus près encore, un couple de Grèbes castagneux nourrit ses quatre poussins affamés…
Nous observerons aussi le vol léger de trois Sternes pierregarin, à la queue longue et fourchue, et leur technique de chasse : un peu de sur place suivi d’un piqué pour attraper les petits poissons à la surface de l’eau.
L’averse a cessé et nous nous dirigeons vers le marais d’Hensies (170 ha environ), en grande partie hérissé d’arbres morts : étonnant paysage lacustre …
Un joli Butome en ombelle étale ses fleurs roses devant l’observatoire ; sur un petit îlot, un couple de Mouettes rieuses veille sur ses 3 poussins, petites boules de duvet fauve aux taches et traits bruns. Pour nombreux d’entre nous, c’est une première !
Et soudain, un Martin-pêcheur, superbe flèche d’un bleu métallique, rase le plan d’eau de son vol rapide.
Une dame et son jeune fils sont à l’affût d’un Blongios nain qu’ils ont aperçu deux heures auparavant. Tout à coup, un cri : le voilà … il y a de l’excitation dans l’observatoire : l’oiseau vole dans notre direction puis passe devant nous : il s’agit d’une femelle. Étant donné que nous sommes en juin, sa présence indique certainement un cas de nidification … c’est une très bonne nouvelle car ce petit ardéidé devient rare dans nos régions !
Nous verrons aussi un Tristan, petit lépidoptère au dessus brun-noir, qui referme les ailes au repos : le dessous des ailes est brun clair et présente des ocelles annelés de jaune et à pupilles blanches très visibles. C’est un papillon qui aime les prairies humides et les bois frais.
Au retour de notre promenade, nous observerons à nouveau quelques Aigrettes garzettes sondant l’eau de leur long bec : on remarquera très bien les deux fines aigrettes retombant sur la nuque et leur silhouette élancée se reflétant dans l’eau : quelle beauté !
Après avoir dégusté une délicieuse tranche de cake fait-maison et offert par Janine et avoir souhaité un bon retour à chacun, nous montons dans nos voitures respectives, des images plein les yeux et … les appareils-photos (qui ont bien crépité !) et le cœur content… C' était une très riche journée ! A quand, la prochaine sortie ?
Je remercie chaque participant(e) pour leur bonne humeur et enthousiasme !
Paulette Claerhout et Daniel Voituron
Une Rousserolle effarvatte chante à tue-tête, juste en face de l’observatoire : les photographes sont à l’affût, mais comme le petit passereau est remuant ! Sur le grand étang, nous observons, entre autres, des Cygnes tuberculés, toujours aussi impressionnants lorsqu’ils survolent l’étang, le long cou tendu, des Fuligules morillons avec leurs poussins au duvet très sombre, des Mouettes rieuses en plumage nuptial (capuchon chocolat foncé), des Grèbes huppés et nous entendons régulièrement le chant du Grèbe castagneux qui ressemble à un trille hennissant. Un couple de Tadornes de belon, accompagné de leurs cinq jeunes nagent à distance raisonnable: nous en profitons pour bien détailler le plumage des juvéniles. Rappelons que cet anatidé niche généralement dans un terrier de lapin.