VISITE DES PLANS D’EAU DE LA VALLÉE DE LA HAINE DIMANCHE 8 FÉVRIER 2015
Etaient présents : Gilles Bocourt, Thierry Bourgeois et Annie Henry, Guy et Marie-Christine Destombes, Jacques Dubreuil, Christine Duquet, Janine Eeckeloot, Véro Lemal, Jean-Marie Vandelannoitte, Daniel Voituron (co-guide) et moi-même.
Nous quittons vers 9 h le parking de la gare ferroviaire de Blaton, lieu du rendez-vous, et où nous attendait Daniel. La première visite de la journée : le Grand Large à Nimy. Ce plan d’eau artificiel, à proximité de Mons, constitue une extension du canal Nimy-Blaton-Péronnes qu’il relie au Canal du Centre. Même par grand froid, le Grand large offre encore des surfaces d’eau libre grâce au passage des bateaux. Les oiseaux d’eau hivernants y trouvent alors refuge. Des espèces rares sont possibles. Ce ne sera pas si riche aujourd’hui... Outre quelques Goélands cendrés et argentés ainsi que quelques Grèbes castagneux (encore en plumage internuptial), nous observons une Mouette rieuse à la livrée en partie nuptiale : sa tête est amusante car le brun chocolat de la calotte est interrompu sur le front par un petit rond (blanc). Pour information, il y a quelques semaines, un Goéland à ailes blanches (immature) a été observé sur ce plan d’eau. Nous reprenons les voitures pour aller à la carrière des Cimenteries d’Obourg.
La hauteur de la végétation de la rive ne nous permet plus de voir le fond de la carrière. Qu’à cela ne tienne, nous prenons plaisir à observer une petite colonie de Grands cormorans nicheurs ; l’un eux a un petit tas de matériau dans le bec. À un moment donné, Daniel, nous signale un faucon en vol … il s’agit d’un faucon pèlerin ! Après nous avoir survolés, il se perche quelques instants sur un pylône électrique. Toujours excitant de voir ce superbe rapace !
La visite des deux plans d’eau précédents ayant été relativement courte, je décide d’ajouter celle des Marionville (à proximité de Saint-Ghislain) avant la pause de midi. Cette réserve, dans la vallée de la Haine, est constituée principalement d’un grand étang d’environ 15 ha, de six petits étangs isolés les uns des autres et de remblais. L’intérêt majeur de ce site est la richesse extraordinaire en oiseaux qui y nichent, y hivernent ou y passent. À ce jour, un total de 193 espèces y a été relevé. Cette fois-ci encore, ces marais ne nous déçoivent pas : nous pouvons détailler à souhait le beau plumage coloré de nombreuses Sarcelles d’hiver qui barbotent à faible distance de l’observatoire. Nous sommes également heureux de voir des Canards pilet (2 mâles et une femelle), canards élégants et pas très courants. Un membre du groupe nous apprend que « pilet » vient du mot latin « pilum » qui veut dire javelot ; ceci en référence à la queue pointue, qui se termine en flèche chez le mâle.
Canards chipeau et Tadornes de Belon se laissent également admirer ; j’attire l’attention des débutants sur le plumage finement vermiculé, surtout à la poitrine, chez le chipeau ainsi que sur le miroir blanc, bien évident chez le mâle, particulièrement en vol. Je signale aussi que les jolis Tadornes de Belon nichent dans des terriers. Deux Bouvreuils pivoine ainsi qu’un Épervier d’Europe seront observés par deux participants.
Il est temps d’aller prendre notre pique-nique à Bernissart, dans le café « Le Kamara », où nous sommes bien accueillis, cette fois encore. En effet, nous y étions allés lors de la visite des marais de la vallée de la Haine en juin 2014.
Après nous être restaurés, nous nous rendons au canal Hensies-Pommeroeul, proche des marais d’Harchies. Dans sa partie élargie, au pied de l’écluse, il nous offre l’occasion d’observer Grèbes huppés et Grèbes castagneux ainsi qu’un mâle de Garrot à œil d’or. Tout le reste de l’après-midi sera consacré aux marais d’Harchies, nés d’effondrements miniers au cours de la première moitié du XXème siècle (comme la plupart des sites humides de la vallée de la Haine). Pour rappel, l’ensemble du site recouvre une superficie de 525 ha. La surface totale des trois plans d’eau est d’environ 80 ha. Les roselières y sont les plus vastes de Wallonie (près de 50 ha). Des contrats passés avec des agriculteurs voisins permettent une gestion récurrente, soit par fauchage, soit par pâturage extensif, de près de 60 ha de prairies. À ce jour, plus de 250 espèces d’oiseaux y ont été recensées dont une bonne centaine sont (ou ont été) nicheurs.
Le temps gris de l’avant-midi a fait place, pour notre plus grande joie, à un ciel ensoleillé. La lumière est donc idéale pour de belles observations et photos.
La première halte nous permet d’observer à loisir plus de 120 Grives litornes se nourrissant dans le pré près du parking du CRIE. Que cet oiseau aux couleurs contrastées est magnifique !
Au même endroit, nous voyons deux petits hérons blancs : ce sont deux Hérons gardeboeufs (en plumage internuptial).
L’un des deux s’envole : son corps plus petit et trapu, son cou moins long et son bec court et jaune le différencient facilement de l’Aigrette garzette. À la mangeoire, quelques mésanges et 1 Pinson du Nord.
Un des deux plans d’eau d’Harchies est complètement gelé. Les oiseaux hivernants se concentrent donc sur l’autre. De nombreux Fuligules milouins et Fuligules morillons se laissent admirer. Même si ces oiseaux sont assez courants, c’est toujours un plaisir de les détailler sous une belle luminosité. D’autres canards plongeurs plus rares feront la joie des observateurs : 6 Garrots à œil d’or et 10 Harles bièvres (dont 6 mâles). Un mâle d’Harle piette est également repéré à la longue-vue, mais, hélas, de bien trop loin. Au retour, les retardataires pourront également regarder à la longue-vue 5 Cygnes de Bewick : le cou plus court et la tache jaune plus restreinte du bec différencient ce nicheur de la toundra sibérienne du Cygne chanteur, très ressemblant. En passant sur la digue entre les deux plans d’eau, un Râle d’eau émettra son cri caractéristique d’une façon « courroucée » !
À Hensies, nous passons pas mal de temps à identifier le seul limicole de la journée : chacun participe et donne son avis, le guide ornitho est consulté : tout (plumage et aire d’hivernage) de l’oiseau l’identifie comme un Chevalier culblanc, sauf la pointe du bec qui est légèrement recourbée vers le bas. D’après des photos publiées sur internet et recherchées le lendemain par Daniel, certains individus présentent ce détail au bec ... on apprend tous les jours ! Ceci contribue aussi au plaisir de l’ornithologie !
Outre des Canards chipeau, des Canards souchets barbotent sur le plan d’eau. La beauté du plumage de ce canard de surface est encore plus spectaculaire lorsque l’oiseau est en vol … Les photographes se réjouissent de pouvoir photographier des Grands cormorans en plumage nuptial perchés sur des arbres à proximité de l’observatoire.
Le pattern de la tête est vraiment particulier et beau. Il est (déjà) 18 h quand nous revenons au parking du CRIE. Le ciel bleu ensoleillé nous a permis une longue après-midi d’observation mais, pourtant, passée tellement vite … C’est toujours ainsi quand la passion vous habite …
Jean-Marie Vandelannoitte
Merci à Jacques Dubreuil pour avoir immortalisé un drôle d'oiseau !